Archive pour mars 2013

Tardigrades

Vendredi 15 mars 2013

Ce mois-ci, voici venir le champion toutes catégories de la survie en milieux extrêmes. L’invincible, l’indestructible, l’immortel Tardigrade !

Ce petit panarthropode dont l’un des illustres représentants gambade joyeusement sur la bannière du blog se retrouve partout sur le globe, des volcans sous-marins jusqu’aux confins des pôles en passant par les montagnes les plus hautes, l’animal est adapté à tous les milieux, ont dit même qu’il est sur-adapté.

En effet il démontre des capacités de survies à des situations extrêmes qui n’existent même pas sur terre.

Ces gros sadiques de scientifiques se sont amusés à lui faire subir des tas d’horreurs pour voir s’il était capable d’y résister, ils l’ont refroidi à des températures proches du zéro absolu (-272,8° sur -273,15°), ils l’ont cramé à 150°, l’ont écrasé sous des pressions de 600 mégapascals, l’ont bombardé de rayons ultraviolets, de rayons X, l’ont plongé dans de l’alcool pur, de l’éther à 96%, et ils l’ont même carrément balancé dans le vide intersidéral. Pour toujours le même résultat :

Pour survivre à ces conditions inhumaines, le tardigrade possède la capacité de se mettre dans un état particulier nommé la cryptobiose. Il se vide presque entièrement de son eau jusqu’à se dessécher, il sécrète un sucre appelé tréhalose qui agit comme un antigel, ses huit pattes se rétractent et son corps se recouvre d’une sorte de cire.

Une fois dans cet état, leur métabolisme est tellement ralenti qu’il est indétectable par les instruments actuels. Ils sont proches de la non-vie. Lorsque les conditions redeviennent clémentes ils sortent de cet état, c’est ce qu’on appelle la reviviscence.

Appelés également oursons d’eau, leur durée de vie normale est d’environ deux ans, mais lorsqu’ils entrent en cryptobiose ils peuvent vivre beaucoup plus longtemps, en effet, on a retrouvé des tardigrades dans une carotte glacière datée d’il y a 2000 ans qui ont repris une activité normale une fois sortis de leur cryptobiose*.

C’est un zoologiste allemand du nom de Johann August Ephraim Goeze qui les a décrit pour la première fois au XVIIIe siècle. On en connait actuellement environ un millier d’espèces dont la majorité est concentrée aux pôles.

D’une taille variant entre 0,05 et 1.5 millimètres ils vivent sur les mousses, les lichen ou les algues auxquelles ils s’accrochent à l’aide de leurs pattes griffues et dont ils se nourrissent en aspirant le contenu de leurs cellules grâce à leur bouche en forme de tube, ils peuvent également, de la même manière se nourrir d’invertébrés microscopiques.

Ils peuvent se reproduire par parthénogenèse, mais aussi de manière sexuée. Une fois fécondée, la femelle mue, et pond ses œuf à l’intérieur de son ancienne cuticule chitineuse.

Tout comme les cliones ils sont dépourvus de système respiratoire, et s’alimentent en oxygène par échanges gazeux avec leur tégument. Chez les tardigrades aquatiques, lorsque le taux d’oxygène se fait trop faible, ils sont capables de se gonfler d’eau et d’entrer dans une sorte d’hibernation jusqu’à ce que le taux redevienne suffisant.

Dernière bizarrerie, une des espèces, nommée Halobiotus Crispæ change d’apparence en fonction des saisons.

La vidéo d’un tardigrade entrant en cryptobiose :

*Erratum : Il semble qu’aucune publication scientifique n’atteste ce fait, même s’il est très relaté sur la toile. Cela ne signifie pas que c’est faux, mais en tout cas, ce n’est pas avéré scientifiquement. Sùmme & Meier (1995) ont rapporté un fort taux de survie chez des tardigrades de l’antarctique après 8 ans de congélation à -22°C. C’est à ce jour la publication indiquant la durée de survie la plus longue connue.
Pour les anglophones désirant en savoir plus voici un document qui résume les connaissances scientifiques à propos de ces animaux étonnants.